"Elle n'est pas si loin l'époque où l'on croisait sur les routes étroites et sinueuses de nos campagnes le curé du village ou le médecin de famille au volant de sa deudeuche grise. Tôle ondulée, phares ronds, tenue de route et suspensions légendaires ont fait de ce prototype présenté pour la première fois à Paris, au Salon de l'auto de1948, une voiture unique".
"Arrivée après-guerre, en pleine période de démocratisation de l'automobile, la 2CV a connu un réel succès populaire en conquérant toutes les couches sociales. Sa fabrication ayant pris fin au Portugal le 27 juillet 1990, collectionneurs et amoureux de l'engin aux ailettes bilatérales se battent aujourd'hui pour qu'il demeure un témoin vivant de l'histoire du "quatre roues à moteur". La 2CV est faite pour rouler et non pas pour entrer dans un musée, c'est du moins ce que pense le Molsheimois Laurent Philipps-Dantlo".
Une Cathédrale à ciel ouvert
" Laurent Philipps-Dantlo s'est résolu à quitter en 1988 l'Education Nationale pour faire de son verger [...] une réserve protégée. Un lieu sacré où une espèce en voie de disparition trouve désormais une seconde jeunesse, et gagne un semblant d'éternité".
"Atteint dès son plus jeune âge d'une "fièvre" que les spécialistes es mobilum ont baptisé de "deuchisme", ce Molsheimois néen 1969 dans le fief alsacien des Bugatti se souvient : "Les Deudeuches m'ont toujours fait tourner la tête. J'ai concrétisé ma passion en achetant à l'âge de 19 ans une cousine proche de la 2CV, une Dyane". Ce passage à l'acte apparemment anodin s'est transformé avec les années en véritable sacerdoce".
Les sauver de la casse
"La jupette et la balladurette ont causé beaucoup de tort aux vieilles deudeuches", constate amèrement le jeune homme. D'où la nécessité pour ce protecteur patenté d'apprendre les métiers de mécanicien et de carrossier. Il peut désormais remettre sur pied les cas les plus désespérés".
Un fort capital de sympathie
"Plus qu'un phénomène de mode, le capithal de sympathie que véhicule la "deux pattes" semble être à l'origine d'une réelle prise de conscience. L'an passé, les rencontre mondiales de fans de la divine voiture réunissaient 3200 spécimens. C'était en Hollande. Laurent y a senti une réelle volonté de sauvegarder celle qui appartient au patrimoine mondial".
"On vient aussi des quatre coins de la planète pour consulter le Molsheimois. Il y a peu de temps, des Japonais ont profité de ses conseils. Pas loin de 500 petites Citroën parcourant en effet les routes du Pays du Soleil Levant. Comme quoi la voiture la plus populaire de ce siècle connait un rayonnement international".
Texte et photos de Christian Briançon, journaliste pour les
"Dernières Nouvelles d'Alsace", mars 1997